vendredi 6 mai 2016

Jour 05 - Un personnage dont tu te sens proche/que tu voudrais être ?

J'ai une fascination toute particulière pour les tenanciers d'anthologies à la mode EC Comics. Je pourrais prétendre n'avoir strictement aucune idée de la raison, mais elle est bien trop évidente pour la cacher : je veux être à leur place.
Sans rire, je passe mon temps à raconter tout et n'importe-quoi sur tout et n'importe-quoi, qu'il s'agisse de nouvelles ou de petits dessins, que je file des idées de scénarios à qui en veut ou les garde pour moi. Sur le net, j'ai tenu au moins cinquante blogs différents et participé à autant d'autres. Dans la vraie vie de la vérité véritable, je suis guide conférencier... Je ne fais que ça : raconter des histoires. Et décortiquer celles des autres.


Le récit encadré a toujours été un de mes petits plaisirs. Chroniquer la vie d'un autre en se faisait soi-même passer pour qui l'on n'est pas a quelque chose de très particulier. C'est l'une des multiples raisons qui font, malgré la volée de critiques que je suis capable de lui envoyer, d'Edgar Rice Burroughs un de mes auteurs favoris. Ray Bradbury aussi fut friand de ce modèle (mon livre favori du monsieur restant L'Homme illustré).
Dans le domaine de la bande dessinée, pensez si j'allais passer à côté des monstres de foire d'EC Comics, le Vault-keeper, son cousin Crypt-keeper et la borgne Old Witch, ces créatures à demi décrépites que les fans rassemblent sous le nom de "GhouLunatics", dont l'humour ravageur et les répliques sardoniques firent une bonne partie du succès des publications associées. Ils se sont partagés trois séries (The Vault of Fear, The Vault of Horror, et The Tales from the Crypt) entrées aujourd'hui dans l'inconscient collectif. Ils doivent ce statut autant au scandale lié à leur éditeur qu'au nombre somme-toute assez effarant de produits télévisuels qu'on leur a offert par la suite (un film, deux séries live, deux séries animées).
Sans compter leurs nombreux héritiers. Qui n'a jamais vu une image des trois sorcières de The Witching Hour chez DC Comics ? Ou entr'aperçu au coin d'une case les frères maudits, Abel et Cain, les tenanciers à moitié barrés des House of Secrets et House of Mystery, l'un bedonnant bonhomme impressionnable et courtois, l'autre figure hirsute et voûtée comme Charon ?


Ce qui est extrêmement étonnant avec ces personnages (quoique, pas vraiment en fin de compte), c'est la façon dont ils ont su rester iconiques sans pourtant vivre d'aventures propres. Bon, il existe d'évidentes exceptions, comme Vampirella, qui fut elle-même de ces voix-off (dans son propre magazine) tout en poursuivant ses intrigues dans son coin, et Cain et Abel sont devenus des personnages à part entière de DC, avec leurs propres origines et, surtout, de nombreuses apparitions dans les séries "occultes" de la firme (Neil Gaiman les utilisera notamment, en compagnie des sorcières de Witching Hour, dans son Sandman), mais si l'on garde en tête cette image du Crypt-keeper dans sa bibliothèque hantée, entouré de livres à moitié pourris (la série y est également pour beaucoup), c'est justement parce que, sans histoire personnelle et tenant lui-même un bouquin, il est en fait le personnage le plus proche du lecteur. Il est facile d'imaginer un peu ce qu'on veut à son propos et, en tant que narrateur, il sert à la fois de porte d'entrée et de sortie dans les univers décrits.
Notez que c'est presque le trait principal du Crypt-keeper, puisque ses acolytes, de part leurs character-designs même, en disent autrement plus : une sorcière a forcément un point de départ particulier, et l'approche résolument humoristique du Vault-keeper lui confère un trait de caractère bien trop marqué pour être "n'importe-qui". Le Crypt-keeper, quoiqu'étant une goule au look souvent très proche du Vault-keeper (il perdra son capuchon sur le tard), garde une part de mystère dans laquelle il est curieusement facile de projeter.

Personnellement, ils me rappellent aussi énormément les personnages "qui savent" typiques des récits d'alors, et si ceux-ci ont souvent une part pro-active à l'histoire (le Phantom Detective, la Question, John Constantine...), il ne faut pas oublier que l'un des tout premier, et celui auquel on doit la caractéristique même, fut à l'origine un narrateur également, porté par la voix fantomatique d'un encore jeune Orson Welles. Vous savez de qui je parle.

The Shadow knows...

Alors bon, projections et études de caractères mises à part, je n'sais pas si je me sens spécialement "proche" de ce type de personnage, mais si j'étais un personnage de bédé, j'aimerais assurément être de ceux-là.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire