Si les romances planétaires et tarzanides sont de loin mes récits favoris, les mondes qui m'ont toujours le plus intrigués étaient ceux imaginés par les auteurs de science-fiction. De l'Histoire du futur d'Asimov à la Mars de Bradbury en passant par les vaisseaux-villes (voire planètes) de Clarke ou Niven, ces trucs-là m'intriguent autant par les aventures qui s'y déroulent que par les implications sociales de leurs avancées technologiques. La fiction spéculative, c'est mon pied à l'étrier littéraire, et dans le domaine séquentiel, un monde m'a toujours fait rêver au delà de tous les autres : Marvel 2099.
Evidemment, il faut remettre en perspective la découverte de ce monde par un gamin de dix ans bercé de SF pop et fluo du début des nineties, mais en y réfléchissant, c'est presque logique.
Un monde à la technologie florissante, aux larges panneaux holographiques, avec le cyberespace cobayesque où on télécharge sa conscience dans un clip de rock hippie, les héros qui flottent au dessus de nos têtes, les voitures volantes et tout le tremblement. Après, c'est du cyberpunk de bédé (pire, de comics des 90's!), auquel il faut ajouter le désert madmaxien au dehors, c'est complètement craqué, crade au possible et le fond de la ville est aussi ras que ses hauteurs sont luxueuses. Les corpos sont dégueulasses et tout le monde est exploité, chair à canon électrice à la botte d'un modèle économique inégalitaire issu des peurs et tensions des 80's, poussé ici à l'extrême par les 90's rugissantes. Sauf que Peter "PAD" David, le créateur de ce truc, savait très bien ce qu'il faisait, et que cet univers paraissait vrai. Mieux, c'est l'un des rares dans lesquels les arcanes politiques avaient un réel intérêt et de vraies répercussions (le coup d'état de Fatalis), et surtout, étalé sur juste quatre séries principales et quelques à côtés plus ou moins utiles et viables, c'était un exemple de monde étendu qui marchait vraiment, à une époque où chacun faisait sa popote dans son coin (les crossovers inter-X-Men sont l'une des sept plaies des nineties). Mark Millar avouera lui-même qu'il voulait, à l'issue de Civil War, un Marvel où les changements se ressentaient d'une série à l'autre et où la politique de l'univers avait un réel impact, à l'image de 2099 (ce qui me fait penser que, pour un auteur qui a fait ses armes sur 2000AD, 2099 devait en effet avoir une certaine résonance).
Enfin bref, ce monde me fascine. Il n'est pas cool, pas franchement accueillant, mais il est construit et crédible. Remplaçons donc le coeur de l'Afrique par une jungle urbaine futuriste et lançons-nous du haut de ses immeubles de mille étages : entre tous les univers sauvages à moitié dingues dans lesquels je pourrais être tenté de mettre les pieds, 2099 est de loin celui qui à ma préférence. Il l'a depuis que j'ai dix ans.
Et à bien y réfléchir, par rapport aux grands-écarts un peu fous qu'on pourrait faire entre notre monde et un imaginaire, il me parait même un choix plutôt sage... du moins autant qu'on puisse considérer "sage" l'idée de vivre dans une bédé...
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