Prendre une bédé humoristique aurait été d'une facilité effroyable. Pourtant, placer Kevin & Kell, Calvin and Hobbes ou le fantastiquement mignon Phoebe and her Unicorn (assurément mon strip du moment depuis... 2013?) était diablement tentant. Et ç'aurait été de la bédé américaine. Mais il y a une série dont je voulais parler, une série brillante par la démesure de sa bêtise auto-référencée, une qui le fait en plus sans recourir à l'agaçante ficelle du brisage de quatrième mur, mais qui se moque d'elle-même comme rarement. Cette série, c'est Nextwave.
Nextwave était le numéro 80 de ma liste des 100 trucs cool en bédé. Nextwave, c'est sorti en 2006, et c'est le comics de super-héros pour les dominer tous, le truc le plus fou (et foutraque) que j'aie jamais lu sur le genre, rien que ça. En même temps, il est signé par Warren Ellis (dont je reparlerai), un auteur que j'aime inconsidérément et qui, sans donner l'air de trop y toucher, est un spécialiste de la série autoréflexive un brin méta. Il avait fait ça sur Hellblazer, s'en donnait à coeur joie sur Planetary, et sur Nextwave, c'est la grande récré, bien aidé par le trait sans retenue d'un Stuart Immonen déchaîné.
Bombardant une équipe de seconds-couteaux nullissimes sous les (contre-)ordres de Dirk Anger, la version Tex Avery de Nick Fury, dans une quête absconse pour arrêter l'invasion des hommes-brocolis, détruire une armée de koalas anthropophages, stopper un flic transformé en Gundam par un extra-terrestre et d'autres imbécilités de ce genre, Nextwave, c'est bête. Délicieusement, absurdement et volontairement bête. Et c'est absolument génial.
Le pire (ou le mieux, tout dépend d'où vous vous placez), c'est qu'Ellis arrive à rendre ses personnages tout à fait crédibles malgré le ridicule des situations. Son équipe a une certaine vie et, de par le statut même de ses membres (une bande de losers majuscules), il crée une dynamique toute particulière. Sans compter des méchants complètement abusés parodiant plus ou moins clairement les plus grands adversaires des plus grands héros et des caméos outranciers absolument délicieux. Le délire est gamin et régressif, mais malin, Warren Ellis sait ce qu'il fait et ça se sent : on est en plein superhéroïsme d'alors, totalement raccord avec les autres séries Marvel (la série fut publiée à cheval sur l'évènement Civil War), et c'est justement l'écart entre le sérieux verbeux des New Avengers (pour ne citer qu'eux) et le royal bonkers de Nextwave qui rend cette dernière spécialement intéressante... Et attachante.
Oh ! Et ils ont une theme song, aussi !
His name is the captaaaiiiin !
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