lundi 16 mai 2016
Jour 15 – Une image de la bédé que tu lis en ce moment ?
"La suite du film dans une bédé explosive." C'est ce que vendait l'accroche de Dredd: Dust, publié en cinq parties entre janvier et mai dans Judge Dredd Megazine en Angleterre et actuellement en cours de parution chez IDW aux Etats-Unis, et à propos de laquelle je suis plus que circonspect.
C'est que, pour cette troisième aventure située dans l'univers du film scénarisée par Arthur Wyatt (les deux précédentes étaient franchement bonnes), on est plutôt loin de l'ambiance tendue et claustrophobique (re)créée par Pete Travis puisqu'on transporte ici Dredd (flanqué du Juge Conti, qui joue, sans les pouvoirs psi, le rôle d'Anderson) au beau milieu de la Terre Maudite, sur les traces d'un étrange tueur aux pouvoir surprenants : il maîtrise le vent et peut créer des tempêtes de sable sur commande.
De fait, quoique ce soit troussé comme un polar à poursuites plutôt pas vilain, ça fait très TRES super-héros, et c'est à la fois une grosse faiblesse et une intrigante qualité. Faiblesse parce qu'on est complètement à côté de la plaque avec le propos très terre-à-terre du film, et qualité parce que, même dans le délire bariolé complètement wacky de son 2000AD d'origine, l'univers de Dredd n'a jamais eu de personnage avec des pouvoirs tels que ceux à l'oeuvre ici, ce qui confère à l'histoire une certaine originalité. Dredd a déjà combattu des télépathes défigurés par les radiations, des grenouilles qui parlent et des juges zombies qui vivent dans les cauchemars des gens, mais jamais de type qui déclenchait une tempête de sable dans un lieu clos rien qu'en levant la main, jusqu'à en étouffer ses victimes. Espèce d'Homme-Sable décrépit à l'origine quasi mystique, ce personnage est par ailleurs suffisamment bien écrit pour attiser au moins la curiosité du lecteur.
Seulement, on est dans Dredd. Karl Urban-Dredd. Et, je viens de le dire, cet univers ne marche pas selon les même règles que son modèle de papier.
D'où une réaction très ambivalente : la bédé est propre et narrativement compétente (quoique la colorisation manque franchement de patate, le trait de Ben Willsher est vraiment intéressant -il me rappelle parfois Colin MacNeil, un de mes dessinateurs favoris sur le personnage-), et sa cinquantaine de pages serait une addition tout à fait recommandable à sa collection dreddienne (ça ferait même un excellent épilogue au Tour of Duty, par exemple), mais, vendue comme une suite du film de 2012, et pour une première exploration de la Terre Maudite, elle est au final totalement hors-sujet.
(L'illustration présente la première rencontre entre Dredd et le bad guy, et reflète assez bien le oui mais que m'inspire la bédé, malgré tout ce que j'ai envie de l'aimer.)
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