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mardi 2 janvier 2018

Onze... livres de 2017

Avant toute chose, j'ai un aveu à faire : j'en ai fait le bouquin de 2016, j'ai crié crever d'envie après la suite, et au final, j'ai pas lu Liu Cixin. Je sais pas pourquoi (enfin, si, je sais, j'ai lu sur ActuSF l'ouverture avec la fourmi, et elle est dégueulasse, et j'ai lu d'autres trucs après ça, et comme il fait six cent pages j'ai pas encore osé l'ouvrir), mais je me dit que, comme il y a un troisième tome encore à venir, j'ai largement le temps de lire tout ça l'an prochain en mode boulimique au bord de l'automne.
Et à part ça ? 2017 fut une année riche de nombreuses découvertes autant que de confirmations, avec les habituels accents pop et pulp mais aussi plein de trucs un brin plus pensifs qui font tourner mon cerveau à plein à l'heure. Même que j'ai eu du mal à trier. A un moment, je me suis même demandé s'il ne serait pas judicieux de faire un top bédé et un top prose séparés. Ca m'apparaissait presque logique, surtout en notant le clair déséquilibre dans mes sélections de l'an dernier, où j'avais par exemple été totalement incapable de laisser un produit aussi pop et dispensable (malgré sa réelle qualité) que Vampirella-Aliens de côté alors que j'avais taillé sans la moindre hésitation des trucs (tout aussi pop) comme les Dragons de Marie Brennan ou les Dinosaures de Victor Milan de ma liste de lecture (à la place, j'ai lu Liu Cixin, avec les résultats que vous connaissez). Et puis je me suis dit que je ne faisais pas ça pour l'autres top, que je mêlais téléfilms, courts, DTV et documentaires à ma sélection cinéma et que ça me paraissait même totalement absurde de penser faire autre... Alors je ferais pareil ici.
Voici donc, dans le désordre stylistique et thématique (mais par ordre chronologique), mes onze romans, bédés, nouvelles et anthologies favoris de 2017.


Neil GaimanNorse Mythology (W.W. Norton, 7 février)
Celui-là, je l'avais prévu. Tellement prévu qu'il fut, ainsi que je l'annonçais dans ma wishlist de janvier dernier, mon premier livre de 2017. Sur la lancée d'A View From the Cheap Seats, malguidé (si, ça se dit) par un titre lambda qui puait l'encyclopédie, j'ai longtemps cru que Norse Mythology serait un livre de textes et pensées de Gaiman sur les dieux nordiques et leur puissance évocatrice (qu'il exploita notamment dans American Gods, curieusement d'actualité, ou Odd et les géants de glace). C'était déjà bien intéressant comme idée, mais quand j'ai ouvert le bouquin (enfin, l'epub) et que je suis tombé sur une série de courts contes plus ou moins liés avec des dieux pas toujours aux places auxquelles on les imagine, j'ai été aussi surpris qu'emballé. Norse Mythology reprend le sujet et le style lyrique et quelque peu impersonnel des récits de l'Edda, avec une touche pince-sans-rire toute gaimanienne, réécrivant ses légendes comme on les raconterait à un enfant sans toutefois se départir de la destinée apocalyptique inhérente au sujet. C'est drôle, épique, plein d'esprit, et l'écriture compacte ainsi que le côté "best-of de faits fabuleux" rendent la chose aussi aisée que délectable à lire. Ca m'a honnêtement parfois fait penser au style simili-enfantin de Coraline, avec une couche de chanson de geste par dessus, renforçant d'autant l'écart entre les côtés à la fois balourds et poétiques de personnages hors-du-commun. Le parfait bouquin à lire à huit ans planqué sous la couverture, ou raconté par la voix grave de papa. J'ai pas encore lu la VF (sortie le 18 mai au Diable Vauvert sous le titre un peu loupé de "Mythologie Viking"), mais j'n'ai aucun doute sur sa qualité, ayant été confiée à Patrick Marcel, un monsieur qui n'en est pas à son premier Gaiman (Coraline, Neverwhere, L'Océan au bout du chemin, Miroirs et fumées) et qui, exemples complètement (mais alors complètement) au pif, s'occupe aussi des adaptations du Trône de fer, de toute la VF d'Alan Moore et de plein de trucs lovecraftiens (lisez son Atlas des brumes et des ombres!).

Jean-Laurent Del Socorro - Boudicca (ActuSF, 6 avril)
Je ne connais pas Jean-Laurent Del Socorro, mais Boadicée, je sais qui c'est ; sorte de Vercingetorix à l'anglaise, figure historique, certes, mais mythique surtout, que cette vraie-fausse autobiographie rédigée dans un présent sec et un vocabulaire brut image avec beaucoup d'élégance. Evidement, on arguera qu'humaniser les héros rendus flous par le temps est le lot de tout récit dédié à une personne historique et que, dans le paysage imaginaire moderne, qu'un jeune auteur se fade d'un bouquin ouvertement féminin (pas féministe, pas confondre) puisse faire lever un sourcil, mais il y a les questions que la critique et l'édition posent, et les réponses que la lecture apporte. Et Boudicca est une fantastique fresque bourrée de détails, une chronique légendaire éminemment poétique et pleine de magie, mais définitivement ancrée dans une réalité qui, si elle fait évidement écho à des questions actuelles, aussi bien sociétales qu'identitaires, n'en affiche pas moins une réelle volonté historique. Boudicca n'est pas un effort marathonien (deux cent pages à tout casser), et tant mieux, car, emmené par un personnage multifacette qu'on a franchement envie de suivre jusqu'au bout de son périple (quand bien même on connaîtrait sa fin à l'avance), il est le prototype parfait de ces bouquins "prend aux tripes" qu'il est proprement impossible de lâcher avant la fin. Je sais, c'est très cliché comme observation, mais c'est la vérité, et alors que même une nouvelle de Kull est quelque chose que je lis en deux ou trois étapes, que je m'enfile comme ça d'une traite un roman choisi presque au hasard (je me le suis procuré au milieu de l'été lors d'une braderie "tout à 1€" chez emaginaire, la boutique numérique d'ActuSF) est un signe assez évident de sa qualité. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est mon livre de l'année, mais il est indiscutablement sur le podium, et il m'a suivi encore un moment après sa fermeture - et ça aussi, c'est un signe évident de qualité. Monsieur Del Socorro, je suis ravi de faire votre connaissance.

Clark Ashton Smith - L'intégrale (Mnemos, 10 juin)
Quels pavés... Et quelle qualité ! Avec ce projet participatif, financé à environ 12millepourcent et seul auquel j'aie jamais adhéré de ma vie (d'ailleurs, je liste ici la date à laquelle j'ai reçu mon exemplaire -numéroté, la classe-, la chose étant parue en librairie en épisodes à partir de septembre -avec la sortie de Zothique, Averoigne devrait suivre en février prochain-), Mnemos se proposait purement et simplement de (re)traduire TOUT Clark Ashton Smith, du moins tout son versant fantasy (resté incomplet chez NéO et à la côte proprement impensable aujourd'hui). Et quand on a lu et relu les trois malheureuses nouvelles du monsieur parues dans les anthologies de Jacques Sadoul, résolu de le faire en VO faute de traduction accessible, et passé des années à réfléchir son oeuvre à la lumière souffrée de ses contemporains de Weird Tales, finir, enfin, par tenir trois gigantesques volumes (que j'peux pas ouvrir, certes, mais qui puent tellement la classe dans ma bibliothèque et dont j'ai de belles versions numériques superbement optimisées pour compenser) comprenant l'intégrale des cycles monstrueux de l'apocalyptique Zothique ou de la cthulhuesque Hyperborée (entre autres), plus quelques bonus bien sentis (la boite était remplie jusqu'à la gueule de posters, cartes postales, marque-pages et autres goodies inutiles mais tellement plaisants), ça fait quand même tout drôle dans son intérieur de soi-même. La traduction est au diapason, tout à fait excellente, retranscrivant l'atmosphère bouillante et oppressante des récits de Klakash-ton avec un certain brio (et, vu ce qu'avaient donné les dernières intégrales de Robert Howard chez Bragelonne, c'est bien ce qui me faisait le plus peur), pour un voyage angoissant de presque mille cinq cent pages. Par ailleurs illustré à titre posthume par ce fou génial de Zdzislaw Beksinski et tout un tas de gens de bon aloi, ce truc prend des allures de bible multivolume insensée, un objet de bruit et de fureur comme policé par une édition en faisant un article de luxe. Indiscutablement la publication de l'année, ces livres ne sont pas seulement de mon top annuel, oh non, ils ont aussi eu droit à une entrée instantanée dans le club très fermé de mes bouquins favoris de tous les temps.

Ken Liu - Le Regard (Le Belial, 15 juin)
L'an dernier, j'attendais chez Belial l'intégrale complétée de La Patrouille du temps de Poul Anderson, deux gros volumes avec de jolies couvertures de Caza qui feraient plaisir à mes yeux et se suicider mon portefeuille. Leur nouvelle gamme Pulp, lancée avec du Jack Vance (et qui a vu paraître les deux premiers volumes du Capitaine Futur d'Edmond Hamilton -alias Capitaine Flam- au printemps), m'intéressait aussi... Et puis je suis tombé sur quelque chose de plus intriguant encore : la collection Une Heure lumière. Il m'arrive souvent de dire que j'ai le niveau d'attention d'un gamin de huit ans, et que lire un roman, c'est long, très long, trop long, pour le gamin de huit ans dedans mon intérieur de moi-même. Par ailleurs, j'ai toujours trouvé l'exercice de la nouvelle plus intéressant, obligeant les auteurs à développer en peu de lignes des concepts qui auraient rempli des livres entiers, offrant au modèle une forme d'urgence conceptuelle passablement exaltante (sans en minimiser la qualité, je trouve, par exemple, L'Eclat du phénix infiniment supérieur à Fahrenheit 451). Entre les deux, il y a la "novella", un récit ni long ni court dont la collection du Belial se faisait porte-étendard. Et à une demi-douzaine de sorties par an annoncée, j'aurais déjà pu en lister un paquet dans mon top précédent (Dragon de Thomas Day, Cookie Monster de Vernor Vinge, L'Homme qui mit fin à l'histoire de Ken Liu), mais les hasards de la sélection en avaient décidé autrement... Cette année, le vénérable Greg Egan aurait fait une bien belle entrée avec son élégant Cérès et Vesta (une exploration du dilemme du tramway sur fond de boat peoples spatiaux), ou bien les 24 vues du mont Fuji de Zelazny (prix Hugo 1985 jusqu'alors inédit en France), mais on reviendra vers Ken Liu avec Le Regard, une nouvelle publiée à l'origine dans le recueil Paper Menagerie (2014) et qui était inexplicablement absente de la (pourtant allongée) version française. En essence un polar cyberpunk hardboiled plein de néons nocturnes tout à fait classique, Le Regard trouve souvent le moyen de prendre son lecteur à contre-pied. Pas question ici de chercher avec la protagoniste l'identité du criminel, on n'est pas dans un whodunnit, tout se centre sur les outils à disposition de la police et ceux qui poussent au meurtre dans cet univers augmenté (le changement du titre de la nouvelle, du Regular de la VO au Regard de la VF, en devient presque un élément d'intrigue à part entière), et comment une privée seule avance, au rythme de l'utilisation du gadget-titre (le regular/régulateur en question), vers le dénouement de son enquête, et toutes les choses au milieu. Le tout est soutenu par une écriture particulièrement froide que n'aurait pas renié Dashiell Hammett, une bonne couche d'argot de futur et la précision des descriptions toujours très documentalistes de Liu qui, par un curieux jeu de références et d'actualités, m'a souvent fait penser à des récits d'Egan (notamment L'Assassin infini) et au tech-noir du Schroedinger's Gun de Ray Wood (une des meilleures nouvelles de 2015) ; un genre de William Gibson qui serait allé à l'école, en fait... T'es cher, Belial (4€ les cent pages en epub, le double -parfois plus- en physique, quand même), mais t'as gagné, elle m'intéresse, ta collection.

Dan Abnett et Phil Winslade - Lawless v01: Welcome to Badrock (Rebellion, 28 juin)
Les publications 2000AD, c'est toujours un peu curieux. On lit ça par tout petits bouts, étalés sur des mois, dans deux magazines différents, et des fois, on se surprend à découvrir la relative petitesse d'une série qu'on suit pourtant assidûment depuis des années. Ainsi donc, contrairement à ce que pourrait laisser croire la relative sagesse de ses cent soixante pages, Welcome to Badrock compile presque tout ce qui est sorti de Lawless à ce jour dans Judge Dredd Megazine (à savoir les trois premiers arcs, parus respectivement en 2014, 15 et 16, le quatrième étant précisément en cours de publication au moment où est sorti ce TPB), et quand on a l'habitude de lire la chose à raison de 7-8 pages mensuelles 5-6 mois sur douze, ce presque-gros volume fait sacrément plaisir. Ce qu'il y a dedans ? Un western de l'espace sans concession narrant les exploits du Marshall Metta Lawson dans la ville frontière de Badrock, entre bagarres de saloon, colons vindicatifs et indigènes incompris, pétri des poncifs du genre et passé à la moulinette 2000AD, livrant secrets, mutants et gros gunfights badass par paquets de douze. Rythmée par une narration ultra-compacte et habillée par un dessin absolument splendide, Lawless est tout simplement l'une des meilleures séries du catalogue Rebellion actuel (avec Kingdom, incidemment une autre création d'Abnett). Par ailleurs, je lis tout ça au format numérique mais, comptant la difficulté pour se procurer un abonnement 2000AD papier ou un Judge Dredd Megazine en France, ce TPB devient tout simplement indispensable.

Francesco Francavilla - The Black Beetle: Kara Böcek (Dark Horse, 6 septembre)
2009 ! Francesco Francavilla, blogueur pulp et cover/poster artist de génie, a commencé cette bédé en 2009. Oh, c'est loin d'être le seul truc sur lequel il a bossé (depuis ses débuts éditoriaux, il a offert au personnage quatre mini-séries chez Dark Horse et signé de nombreux fill-ins - sur Black Panther et Daredevil chez Marvel, notamment), mais ce Kara Böcek, à l'origine un webcomic au format italien (un choix malin pour lire sur les écrans larges des ordinateurs), il avait juré de le finir un jour. C'est désormais chose faite avec la publication de ce graphic novel d'une cinquantaine de pages, en couverture dure à l'européenne et rempli à ras bord de doubles pages de l'awesome (et d'un paquet de dessins préparatoires pour les pages qu'il a pu/du retravailler pour les adapter au format). L'histoire, c'est du grand classique, du pulp épicé de la grande époque, avec son héros en costume à mi chemin entre le Shadow et le Frelon Vert, ses méchants nazis, et ses secrets, dans l'Istanbul-des-mystères qu'on trouve dans tant de récits (un peu la planète Mars des villes du monde). Et bien entendu, c'est absolument superbe, plein de suspense et de coups de poing au menton, dans un délire narratif ultra inventif (comme dessiner les cases de sa bédé dans les fenêtres d'une devanture, par exemple) qui rappelle autant l'urbanisme génial d'Eisner que les énormes demi-pages d'illustration des dime novels. Quand je parle de mecs qui me donnent envie de lire/faire de la bédé, y a des noms qui reviennent souvent, et aux côtés des Warren Ellis, des Marcelo Frusin, des Brian Azzarello, des Morris et des Hergé, y a Francesco Francavilla. (Notez par ailleurs qu'il m'a fallu attendre encore un peu avant de pouvoir lire la bête, parce que si Dark Horse a sorti l'édition hardcover début septembre, le numérique n'est, pour une raison aléatoire, sorti que le 12 décembre.)

Martin Dunelind - The Dark North (Dark Horse, 27 septembre)
Anthologie horrifique suédoise, art book, projet Kickstarter de l'apocalypse, The Dark North est beaucoup de choses. Ce qu'il n'est pas, en revanche, c'est décevant, au point qu'il me soit très difficile d'en parler autrement qu'en une cavalcade de superlatifs (ce que je vais essayer très fort de ne pas faire). Deux ans après avoir été financé par ses lecteurs, ce monstre peut facilement s'apprécier pour son art, que son casting gimmickeux d'illustrateurs et conceptartistes vidéoludiques (cinq au total, dont je vous épargne la liste) rend tout à fait particulier, mais s'il a à sa tête Martin Dunelind, auteur de SF local, ce n'est pas par hasard. Rarement ai-je vu une telle démonstration de ce que peut bien signifier le terme "illustration". Non que ce soit spécialement qualitatif (c'est beau, mais rien de révolutionnaire), mais c'est vraiment dans l'alliance de ce dessin pour le moins original avec le texte que The Dark North prend tout son sens. Un concept art est précisément ce qu'il désigne, et remplir chacun de ceux-ci de la signification des cinq étranges récits qui composent ce livre est une expérience tout à fait particulière, d'autant qu'ils occupent un maximum d'espace, faisant du texte le petit coeur fragile mais indispensable de ce gros volume (par ailleurs à ma connaissance uniquement imprimé en hardcover). J'y retrouve le même genre de frisson que dans le superbe Beowulf: A Tale of Blood, Heat and Ashes (ou, platement, "Un héros de légende" par chez nous) de Nicky Raven et John Howe, le genre de bouquin qu'on regarde pour son art, mais qui marque pour son histoire. Et pour qui n'a jamais lu de prose tillverkad i Sverige, peu importe son choix de langue de traduction, The Dark North ne vole pas son titre. On est loin de l'adaptation "légende pour gosse" de l'Asgard de Papa Gaiman - c'est aussi inquiétant que fascinant, aussi difficile d'accès qu'accrocheur, à la fois poétique et abrasif, mélancolique et violent. Deux cent pages de mythes et de contes du froid, passés, présents et futurs, entre forêts enchantées, autoroutes hantées et cités recomposées.

Nnedi Okorafor - Qui a peur de la mort ? (ActuSF, 5 octobre)
Le bouquin qui m'a fait lâcher Liu Cixin, et ma première lecture d'un mois d'octobre particulièrement chargé (vous verrez). Précédemment publié chez Panini en 2013 (collection Eclipe, avec une magnifique couverture de Joey Hi-Fi, aujourd'hui épuisé), ActuSF profite du récent boom de popularité de l'auteure americano-nigériane (la série Binti, prix Nebula et Hugo du roman court) pour offrir une nouvelle visibilité à ce roman qui fut l'un des fers de lance de la nouvelle vague de l'afrofuturisme (avec le Moxyland de Lauren Beukes), back in 2010. Et à raison. Livre culte, aimant à distinctions, optionné par HBO pour une adaptation à l'écran, Qui a peur de la mort est une brique de cinq cent cinquante pages aussi violente à lire que si on la prenait au coin de la gueule, bourrée à craquer d'idées et d'idéaux, foncièrement engagée (une évocation claire et graphique du conflit du Darfour, à peine déplacé dans un Soudan post-apo) mais sans jamais sacrifier l'imaginaire à la dénonciation. Je n'ai pas lu grand chose de Nnedi Okorafor (quelques extraits du premier Binti et de The Book of Phoenix à leurs sorties américaines en 2015, et toute sa production pour Clarkesworld), et si Qui a peur de la mort est moins scientifique et plus magique (littéralement) que ce à quoi je m'attendais à en voir ses successeurs, il est aussi plus viscéral et réflexif. Le genre de livre habité, fougueux et excessif qui place son auteur sur la carte. Et Nnedi Okorafor de se retrouver ainsi sur la mienne, en plein centre de la capitale de la fiction spéculative coup de poing contemporaine, avec des types comme les deux Liu (Ken et Cixin) ou Thomas Day (et auxquels je crève d'envie d'ajouter un jour Malka Older, quand Infomocracy sera accessible aux francophones)... Tiens d'ailleurs, quitte à traduire sur la comète, maintenant qu'on a republié Qui a peur de la mort, je veux Binti, bordel ! (A tout hasard, chez Une Heure lumière, sérieusement, le format est sur mesure... Belial ? quelqu'un ?)

Ian Edginton et D'Israeli - The Complete Scarlet Traces v01 & 02 (Rebellion, 17 janvier & 10 octobre)
2000AD again ? 2000AD again. Mais dans un style radicalement différent. Je parle souvent de post-pulp, je pourrais presque également créer une catégorie pré-pulp destinée à accueillir tous ces récits de la SF victorienne (pas steampunk, pas confondre, le steampunk c'est justement du post-pulp). En tête de liste figurerait assurément un monsieur comme H.G. Wells, et aussi des tas d'auteurs plus ou moins oubliés comme Edward S. Ellis qui permettront, justement, au steampunk de fleurir des années plus tard. Vous m'demanderez, pourquoi vouloir alambiquer ainsi une histoire paralittéraire que je passe des posts entier à tenter de démêler ? Eh bien parce que ça permettait d'expliquer le genre d'absurdité représenté par la bédé dont il est question ici, un travail indiscutablement steampunk dans l'idée, certes, mais sans "vapeur" à proprement parler, résolument pulp dans son traitement et qui, surtout, pousse son délire uchronique bien plus loin que la simple recréation victorienne. Voyez-vous, dans Scarlet Traces, il est question d'une humanité qui, après l'attaque des martiens de 1898, a rétroingénieré (si, ça se dit) la technologie laissée sur place par l'envahisseur pour changer le moindre petit aspect de son quotidien, d'un seul coup. Publié sur presque quinze ans (deux premières mini-séries en 2002 et 2006, et une conclusion en 2016), Scarlet Traces s'étale de l'invasion elle-même (une adaptation "pure" de La Guerre des mondes) à la "guerre froide" en passant par une tentative de contre-invasion dans laquelle on découvre que les martiens ne viennent pas de Mars (et, dans un style que n'aurait pas renié Alan Moore, que les Thars de John Carter, les Sélénites de Cavor et les Siluriens de Doctor Who ne sont pas des mythes). Tout ça vogue entre polar, espionnage et space op', empruntant autant à Nikolai Dante qu'à Dan Dare ou Future Shocks, et crée un univers foisonnant et multicouches qu'il est absolument délicieux de décortiquer, d'autant que le trait (qui mélange cartoon, horreur, et une touche résolument "indie") et la narration sont d'excellente qualité. A l'origine conçue comme un motion comics 100% web du début des années 2000, récupérée par ses auteurs sur les cendres de Cool Beans World (le site en question) et présentée à Rebellion presque par hasard, désormais officiellement terminée (une fin ouverte avec un gros cliffhanger...) et collectée en totalité dans deux superbes volumes, Scarlet Traces est une longue et rocambolesque lecture pleine de surprises, et vraiment une bédé à ne pas louper. Peut-être même ma favorite cette année (peut-être...). Notez que La Guerre des mondes d'Edington et D'Israeli a part ailleurs été publié en français par Kymera en 2006, et dans la même catégorie est sorti cette année Steam Man chez Delirium, traduction du comics éponyme de Dark Horse (2015-16) lui-même adapté d'une nouvelle de Joe R. Lansdale, un Pacific Rim post-victorien présentant un Goldorak à vapeur made in USA destiné à combattre les martiens après l'invasion (réussie, cette fois) de l'Angleterre.

Hergé - Peppy in the Wild West (Fantagraphics, 17 octobre)
Dans la catégorie des drôles de trouvailles, voici une bédé signée Hergé, provenant d'une vieille série oubliée, publiée aux Etats-Unis, et dont il m'a fallu remonter aux années 50 pour trouver trace en francophonie, lorsque Casterman éditait Popol et Virginie chez les Lapinos (en 1953, réédité en 1968). Originellement publié en 1934, Popol/Peppy est une espèce de Tintin à la mode Disney, bestiole anthropomorphique dont les aventures simplistes sont prétextes à une myriade de poursuites effrénées, ponctuées par l'humour particulier des cartoons d'alors. Un produit finalement pertinemment américain qui, pour les amateurs du bédéaste, est aussi surprenant à découvrir que balisé à lire, puisqu'on y retrouve pelle-mêle un paquet de gags et péripéties déjà vues dans Tim l'écureil, Les Aventures de Tom et Millie, et bien évidemment Tintin au Far West (qui date de 1931). De là à bouder sa lecture ? Aucunement. Peppy in the Wild West  est un bout d'histoire séquentielle typique de son époque, une bédé à ranger à côté des premiers Lucky Luke ou de L'île au trésor de Tezuka, une aventurette naïve et rafraîchissante qui profite autant du trait de jeunesse d'Hergé (contrairement aux premiers Tintin, elle n'a jamais été retouchée) que de l'énergie débridée de ces bandes dessinées des premières heures qui doivent tellement au cinéma d'animation qu'on dirait des Silly Symphonies à lire.

Eric Henninot - La Horde du Contrevent, tome 1: Le Cosmos est mon campement (Delcourt, 18 octobre)
Plusieurs fois, souvent, trop peut-être, je répète ne pas aimer sélectionner de séries qui débutent et/ou sont incomplètes, mais tout aussi souvent, je regarde la bédé sur mon écran et ma seule pensée est "fuck it, c'est une des bédés de l'année". Case in point, le premier tome de l'adaptation de La Horde du Contrevent d'Alain Damasio, un roman fantastique à bien des égards, publié avec plein de gimmicks tout à fait particuliers (une bande son, la pagination à l'envers...) et qui reste pour de nombreux lecteurs l'un des meilleurs bouquin de la décennie, toute catégorie confondue. Moi, j'ai jamais lu La Horde du Contrevent. A vrai dire, je ne savais même pas qu'elle existait avant de tomber sur ce projet d'adaptation séquentielle. Depuis, son épopée éditoriale me fascine : La Horde était à sa conception un projet crossmedia complet, un peu caduque aujourd'hui, mais dont il reste des vestiges un peu partout sur la toile, d'un Kickstarter vidéoludique (Windwalkers) à, donc, cette bédé un peu folle. En travaux depuis 2011, l'effort soliste d'Eric Henninot (déjà vu à l'oeuvre sur Carthago et le spin-off XIII Mystery, pas un manche, quoi) a mis un bon moment à se dessiner (sans mauvais jeu de mot) : le bédéaste a longuement fait le siège de l'auteur et de sa maison d'édition pour les convaincre de le laisser réaliser cette adaptation, revenant à la charge pendant plusieurs années, montrant des tas de choses à un Damiaso à l'origine pas convaincu du tout par le style trop académique du dessin, et travaillant en freelance sur les projets du jeu vidéo et d'une hypothétique série télé... Et même une fois l'adaptation actée après qu'il ait signé chez Delcourt, Henninot a encore passé de nombreux mois à bosser sur son scénario et à préparer les designs des personnages, en montrant systématiquement les résultats à l'écrivain, qui avait fini par franchement adhérer à sa vision - ce qu'il répète à l'envi dans la préface, d'ailleurs. De ce travail de longue haleine et cette perspective à la fois très personnelle et totalement avalisée par son créateur, La Horde du Contrevent offre une vision presque surproduite de la bédé, vendue comme un véritable blockbuster par Delcourt et marketé comme le supplément ultime à un chef d'oeuvre intemporel de la fantasy francophone. C'est d'ailleurs à ce titre clairement orienté vers ceux qui connaissent et aiment La Horde, mais même en tant que néophyte (de l'histoire, sinon de l'univers, que mon exploration internet a fini par me rendre relativement familier), j'ai peu de mal à dire que toute cette hype était tout à fait justifiée. Il y a "un truc", une envie dans cette bédé qui dépasse clairement le cadre de sa pagination. Henninot l'illustre avec une certaine démesure, raconte une version beaucoup plus rentre-dedans des événement, caractérise ses héros comme des supersoldats et remplit chaque case d'un souffle littéral totalement outrancier qui vrille et hache son trait philippefrancquien d'ordinaire plutôt sage. Evidemment, disais-je, il s'agit des soixante-quatorze premières planches d'une saga prévue pour en compter cinq fois plus, c'est fait pour introduire les personnages, les enjeux de base, et il y a au final assez peu à en dire au delà de quelques notes de surface, mais au Diable si ça ne donne pas envie de lire la suite - c'est prévu pour dans six mois, et 'pouvez être certains que j'en reparlerai.


Mentions
Will Save the Galaxy for Food a l'insigne honneur d'être le premier audiobook que je liste dans mes tops - en même temps, qui de mieux pour raconter ce spoof space op' hautement absurde et subversif que son propre auteur, Ben "Yahtzee" Croshaw, la voix hautement absurde et subversive de The Escapist ? Une Brève histoire du tunnel transpacifique, nouvelle de Ken Liu (encore lui) offerte en numérique par Le Belial pendant le mois de février. Talon of God, le roman urban fantasy de Wesley Snipes, étrangeté sortie au hasard de l'été (et chez HarperCollins, no less), un Blade biblique franchement pas mauvais et qui tease sans honte une séquelle qui figure clairement sur ma waitlist du futur (son hypothétique VF aussi). Mr Higgins Comes Home, Mike Mignola s'essaye au Dracula pour enfant. Eidolon, deuxième (et dernier)(et très bon) volume de Warren Ellis sur le James Bond de Dynamite. Tango, polar vengeur des Andes par le dessinateur de Croisade et le scénariste de Du Plomb dans la tête. Dans la catégorie "déjà lu", Image a réédité By Chance or Providence, superbe recueil de la "trilogie" épique Wolves/The Mire/Demeter de Becky Cloonan, initialement publié par le confidentiel (et québécois) Studio Lounak en 2014 (et qu'on avait eu en VF sous le titre Hasard ou destinée - lecture grandement recommandée). Dans un tout autre style, Neil DeGrasse Tyson a été traduit pour la première fois en français cette année (Petite excursion dans le cosmos, chez Belin), et j'ose espérer que ça donne envie aux éditeurs de rattraper la douzaines d'excellents bouquins dans le backlog de ce monsieur. Dernier et non des moindres, cet automne est parue une nouvelle traduction de Beowulf, cette fois signée Stephen Mitchell, universitaire auquel l'anglophonie doit les versions récentes de L'Illiade et L'Odyssée, Gilgamesh, et un flot d'anciens textes bibliques - par rapport aux dernières tentatives (majeures, s'entend, celles de John McNamara (2005) ou Seamus Headey (2000) par exemple, y en a plein d'autres...), ça joue sur un registre de langage plus simple (Mitchell l'appelle lui-même une "adaptation") mais j'en reparlerai plus en détail un autre jour... Je dois vous parler des traductions (anglo et francophones) de Beowulf, un jour...


Pas lu
Nouvelle catégorie pour cette année, en compagnie de l'évidence de La Forêt sombre de Liu Cixin, j'ai pensé qu'il pouvait être intéressant de noter les bouquin que j'avais sur ma liste de lecture et que j'n'ai finalement pas lu/pas acheté.
La double anthologie Aliens: Bug Hunt et Predators: If it Bleeds (oui, ces titre sont géniaux), "featuring original short stories set in the Aliens and Predator universes by renowned science-fiction and fantasy authors including Dan Abnett and Chris Golden" pour citer directement l'annonce de Titan Books, fut l'une des premières entrées de ma to-read liste (pubés en janvier, publiés en avril et octobre respectivement), et en fait non. J'ai également complètement zappé la collection H.G. Wells chez Glénat , par Dobbs et tout un tas de dessinateurs, que j'avais dûment notée mais dont je n'me suis souvenu de l'existence qu'en relisant le présent billet au moment de faire ma liste définitive - c'est malin, ça aurait fait un joli pendant à Scarlet Traces. Le volume 3 du sublime Porcelain de Benjamin Read et Chris Wildgoose est sorti dans quelques librairies choisies, j'attend sagement une version numérique.
Et puis y a aussi plein d'autres trucs, comme le Duke d'Hermann (western silencien dont je n'connais rien sinon son caractère neigeux - et le fait que le tome 2 sorte ce janvier, un an tout pile après le premier), La Malédiction de Gustave Babel de Gess (sans rire, le dessinateur du Nyctalope et Carmen McCallum en solo sur un polar ésotérique des années 10...), l'imposant Kong de Michel Le Bris (mille pages de biographie romancée dédiées aux créateurs du monstre), que j'ai pas lu, et que pourtant j'ai trouvé, mais la raison tient en deux mots et demi : "Adobe DRM"... Ce truc, c'est l'cancer. (I know.)
Sur un autre plan, je doute que ça arrive un jour, mais Yoshio Aramaki, célébré auteur de fiction spéculative nippone, a été traduit pour la première fois en anglais cette année (en l'occurrence son dernier roman, Shinseidai, devenu The Sacred Era, initialement paru en 2015), alors un p'tit effort et on a ça en français, comme Liu Cixin avant lui ?


Et l'an prochain ?
Dynamite vient de commencer (6 décembre) une nouvelle série Barbarella, j'attend sagement le TPB volume 1, déjà prévu pour juillet. Witchblade aussi était de retour en décembre, et Witchblade aussi j'attend le TPB, mais il n'a pas de date, celui-là. La Trilogie du Rempart/Annihilation de Jeff Vandermeer est prévue pour arriver dans les rayons francophones en même temps que la sortie du film. Mickey et l'océan perdu de Denis-Pierre Filippi et Silvio Camboni, Mickey à la mode Indiana Jones steampunk. Peut-être la fin d'Injection de Warren Ellis, dont je crève d'envie de parler depuis deux ans, et le tome 2 du Caravage de Manara ? Et évidemment le dernier volume du Problème à trois corps.
Oh, et le format n'est évidemment pas propice, mais... L'Encyclopédie Balthazar Picsou de Glénat au format numérique, c'est jouable ?

lundi 16 mai 2016

Jour 15 – Une image de la bédé que tu lis en ce moment ?




"La suite du film dans une bédé explosive." C'est ce que vendait l'accroche de Dredd: Dust, publié en cinq parties entre janvier et mai dans Judge Dredd Megazine en Angleterre et actuellement en cours de parution chez IDW aux Etats-Unis, et à propos de laquelle je suis plus que circonspect.

C'est que, pour cette troisième aventure située dans l'univers du film scénarisée par Arthur Wyatt (les deux précédentes étaient franchement bonnes), on est plutôt loin de l'ambiance tendue et claustrophobique (re)créée par Pete Travis puisqu'on transporte ici Dredd (flanqué du Juge Conti, qui joue, sans les pouvoirs psi, le rôle d'Anderson) au beau milieu de la Terre Maudite, sur les traces d'un étrange tueur aux pouvoir surprenants : il maîtrise le vent et peut créer des tempêtes de sable sur commande.
De fait, quoique ce soit troussé comme un polar à poursuites plutôt pas vilain, ça fait très TRES super-héros, et c'est à la fois une grosse faiblesse et une intrigante qualité. Faiblesse parce qu'on est complètement à côté de la plaque avec le propos très terre-à-terre du film, et qualité parce que, même dans le délire bariolé complètement wacky de son 2000AD d'origine, l'univers de Dredd n'a jamais eu de personnage avec des pouvoirs tels que ceux à l'oeuvre ici, ce qui confère à l'histoire une certaine originalité. Dredd a déjà combattu des télépathes défigurés par les radiations, des grenouilles qui parlent et des juges zombies qui vivent dans les cauchemars des gens, mais jamais de type qui déclenchait une tempête de sable dans un lieu clos rien qu'en levant la main, jusqu'à en étouffer ses victimes. Espèce d'Homme-Sable décrépit à l'origine quasi mystique, ce personnage est par ailleurs suffisamment bien écrit pour attiser au moins la curiosité du lecteur.

Seulement, on est dans Dredd. Karl Urban-Dredd. Et, je viens de le dire, cet univers ne marche pas selon les même règles que son modèle de papier.
D'où une réaction très ambivalente : la bédé est propre et narrativement compétente (quoique la colorisation manque franchement de patate, le trait de Ben Willsher est vraiment intéressant -il me rappelle parfois Colin MacNeil, un de mes dessinateurs favoris sur le personnage-), et sa cinquantaine de pages serait une addition tout à fait recommandable à sa collection dreddienne (ça ferait même un excellent épilogue au Tour of Duty, par exemple), mais, vendue comme une suite du film de 2012, et pour une première exploration de la Terre Maudite, elle est au final totalement hors-sujet.

(L'illustration présente la première rencontre entre Dredd et le bad guy, et reflète assez bien le oui mais que m'inspire la bédé, malgré tout ce que j'ai envie de l'aimer.)

dimanche 5 mai 2013

Blog this, pal ! 100 things I love about comics

Avant toute chose, sachez que si l'on a tendance à se limiter aux super-héros lorsqu'on en parle, le terme comics comprend toute bande dessinée, quelle que soit son origine, style et sujet, et pas seulement les machins avec des gens en spandex fushia qui lancent du feu par les oreilles. Ce point éclairci, citons donc, dans le désordre, cent trucs que j'aime à propos des bandes dessinées. Notez toutefois que je parle quand même beaucoup de bédés made in USA.

1.  TurokTurokTurok et Turok.
2. Des cases et des cases et des cases sur des pages et des pages et des pages de dessins
3. Lucky Luke
4. Hergé, Osamu Tezuka et Walt Disney
5. Planetary
6. Le Valiant Comics de Jim Shooter
7. La continuité. J'adore lire les aventures de personnages qui ont des décennies d'histoire(s) derrière eux. Rattraper vingt ans de parutions en trois jours de lectures compulsives, c'est un de mes grands plaisirs bédéphiles.
8. Super Picsou Géant
9. "SHAZAM !"
10. The Phantom, que je lis religieusement chaque jour depuis des années
11. Etre émerveillé par des trésors de storytelling et le dynamisme d'une page
12. On ne peut pas remanger cette succulente tarte aux pommes ou reboire son chocolat chaud, mais on peut relire une bédé.
13. Conan par Roy Thomas et John Buscema
14. Warren Ellis
15. Etre chauve, nu, pailleté et quand même péter la classe debout sur un surf
16. Buck Danny, Dan Cooper, Biggles et plein de bédés avec des n'avions
17. Kamandi, La Planète des Singes selon Jack Kirby
18. Les polars d'Ed Brubaker
19. Etre pris d'une frénésie achetative à la sortie d'une nouvelle série
20. Les reboots et adaptations de héros pulp (The Shadow par Howard Chaykin chez DC, le Spider du futur de Tim Truman, les éditions Moonstone, First Wave, les expérimentations de Dynamite...)
21. JLA/Avengers, "an event thirty years in the making," prétexte gamin et regressif à un festival de splash pages complètement folles de George Perez.
22. L'absence de symbole sur la poitrine de Power Girl
23. Usagi Yojimbo
24. Moins cher que la drogue et tout aussi efficace
25. M'croyez pas ? Lisez Swamp Thing, pour rire
26. Le Tarzan de Joe Kubert
27. Lire Judge Dredd avec la voix de Stallone
28. Jim Steranko et le Pop-Art
29. L'autre Captain Marvel. Et l'autre. Et l'autre.
30. Francesco Francavilla
31. Classics Illustrated, ou quand les grands noms du comic-book adaptent Dumas, Poe, Melville, Doyle, Hugo, Wells, Homère...
32. Les cinq premières pages de New X-Men #138
33. Les covers collector à thème (des singes, des zombies, des x-babies...)
34. The Spirit, le Citizen Kane des comics
35. EC Comics circa 1950-53, le Shining des comics
36. Les origines rétroactives. Les Invaders, par exemple, ou "comment rendre à une batterie de personnages épars et/ou oubliés dans l'histoire la gloire qu'ils n'ont jamais eu."
37. Leiji Matsumoto
38. Spider-Man 2099
39. Le beaucoup trop rare Marcelo Frusin.
40. Stan Lee. C'est un peu l'oncle bizarre de la famille, celui qui prétend voyager partout et raconte des histoires délirantes auxquelles personne ne croit en faisant de grands gestes désordonnés. Vous avez un oncle comme ça, ne mentez pas.
41. Paperinik, alias Fantomiald par chez nous. Un super-héros au pays des canards, inventé par... des italiens.
42. La batterie de héros western overkitschs qui traînent chez Marvel et DC
43. Axa et les délires post-apo sexy des 70's
44. Planet Hulk, quand John Carter se met au vert.
45. "I say thee NAY!"
46. Les citations hors-contexte
47. Jean Giraud, Gir et Moebius.
48. Lire un magazine de cent pages et quatre histoires pour 24FF (3.65€) quand les 'ricains payent 3$ pour vingt-cinq pages dont dix de pub...
49. Savage Sword of Conan2000AD, Metal HurlantVampirellaEerieCreepy, Fantastik, Ere comprimée et une demi-douzaine d'autres magazines pour adultes des 70's.
50. Trop de tarzanides pour que je prenne la peine de les lister (Sheena, Akim, Ka-Zar,...)
51. Marvel 'Nuff Said et son expérimentation muette
52. John Constantine
53. The Immortal Iron Fist de Brubaker et Aja
54. JLA & JSA: Virtue and Vice, ce que les lecteurs de comics avaient de plus proche d'un megablockbuster hollywoodien avant les megablockbusters hollywoodien (c'est un peu écrit par David S. Goyer).
55. Angel Medina sur Spider-Man
56. Les daily strips d'une case/ligne/page
57. Quand Red Sonya devient Red Sonja
58. Rahan, fils des âges farouches
59. L'ère xénozoïque
60. "To me, my X-Men !"
61. Les Defenders
62. Les univers étendus Aliens et Predator, et le clash au milieu.
63. Anything Ghost Rider.
64. Calvin and Hobbes
65. Alix et Jhen, de Jacques Martin
66. Les deux-cent cinquante-sept séries qui naissent du ping pong éditorial sur certains personnages (Zorro, Tarzan, les multiples licences de King Features...)
67. Fin Fang Foom. Sérieusement. Un dragon géant en calbute violet, what's not to like ?
68. Les intégrales gargantuesques et le format omnibus
69. Jijé, le papa de la bédé belge moderne.
70. Le pop culture brew et le jeu des références
71. Lire en mangeant des biscuits
72."LOOK ! Naked Belgians !" -Spider-Man dans The Amazing Spider-Man Dark Reign: The List
73. Les Quatre Fantastiques
74. Carlos Pacheco sur Les Quatre Fantastiques
75. Mike Wieringo sur Les Quatre Fantastiques
76. La Maison des Secrets
77. Le rapport poids/utilité : si c'est nul, ça peut toujours servir à allumer un barbecue
78. Imaginer Rogue prononcer "sugah." ...Man, dat accent.
79. Phoebe and her Unicorn, le Calvin and Hobbes du XXIème siècle, avec une vraie licorne
80. Nextwave
81. CrossGen Comics. Une idée éditoriale délirante : contrairement à la méthode habituelle qui veut qu'un artiste bosse chez lui et envoie ses textes ou ses planches par la poste, éditeurs, scénaristes, dessinateurs, encreurs et coloristes étaient ici réunis dans les même bureaux, comme pour un journal. En résulte un des univers partagé les plus travaillés de l'histoire des comics, une brochette hallucinante de gros noms alliant anciennes gloires, auteurs à la mode et étoiles montantes (et aussi les prémices d'idées du futur comme les comics en ligne), mais aussi et surtout un cauchemar financier qui s'effondra après cinq petites années, laissant d'excellents titres inachevés.
82."In order for the universe to live, *insert name here* must die !"
83. Quand Prince Valiant rencontre Flash Gordon
84. Cette case.
85. Les posters géants en cinq parties à détacher TRES soigneusement
86. "Cut meself shavin" -Jonah Hex
87. Les Pionniers de l'Espérance. Flash Gordon à la française. Je n'ai jamais été en mesure de le vérifier, mais y paraît que c'est la première BD de SF communiste.
88. Lire des blogs de et sur la bédé
89. Des concepts étranges et qui marchent on ne sait comment, comme Will Eisner qui transforme l'Oncle Sam en vrai perso de bédé (avec aujourd'hui une longue continuité, voir, par exemple, les Freedom Fighters)
90. Les Marvel Digest du milieu des années 2000. Pas cher et ça tient dans la poche.
91."Choose your own xmas," la "bédé dont vous êtes le héros" selon Judge Dredd dans 2000AD prog 2012
92. Strange. Le magazine, pas le Docteur
93. Les Runaways de Marvel
94. The Warlord. Pelucidar à la mode DC
95. L'histoire de France en Bandes Dessinées. Un périodique qui porte décidément bien son nom. Une idée farfelue pleine d'images d'Epinal et dont la portée éducative est discutable, mais néanmoins passionnante.
96. Michel Vaillant
97. La cover d'Excalibur #16
98. L'Escadron Supreme
99. En fait, si, le Docteur Strange aussi
100. Last, but certainly not least, Tintin et Blake et Mortimer. Le pulp bruxellois.