mercredi 13 avril 2016

The Year of the Monkey

Y parait, selon le calendrier chinois, que 2016 est l'année du singe. Mes connaissances en astrologie asiatique s'arrêtent aux fortune cookies (qui sont une invention américaine, c'est dire), aussi j'aurais bien du mal à commenter cette affirmation, mais s'il y a une chose dont je suis certain, c'est que les éditeurs nord-américains ont décidé de la prendre au pied de la lettre.

Evidemment, difficile de ne pas penser au tout proche The Legend of Tarzan, prévu pour juillet et qui me fait frétiller sur mon siège à chaque image.



Sans rire, c'est beau, ça a l'air épique (j'ai mis le premier trailer parce que je le trouve meilleur, mais le second est carrément fou en terme d'échelle), c'est pas une origin story à la con, et j'ose espérer avoir une Jane qui ressemble à celle qui habite mon imagination bien plus qu'une bécasse en détresse (ce smirk à 0:57 vend la légende de son mari à un degré lunaire). Sauf que ça a l'air bien trop lisse pour être honnête, que Sam Jackson en roue libre m'effraie et que Waltz est probablement le pire cabotineur à succès de ces dernières années. Ce film peut être absolument dantesque, mais je redoute son visionnage au moins autant que j'en crève d'envie. L'effet John Carter, voyez-vous.

Or donc, disais-je, en cette année du singe, outre son retour au cinéma (et sans l'ombre d'un doute grâce à son retour au cinéma), de nombreux éditeurs ont décidé de se pencher sur le Seigneur de la Jungle.

Si vous appréciez les films de Tarzan (et vous auriez raison), vous pourriez être tenté par Tarzan on Film, où Scott Tracy Griffin, éminent spécialiste du personnage (il est l'auteur de l'excellent Tarzan, The Centennial Celebration), retrace l'entièreté de sa carrière cinématographique, du muet des origines à la bombarde numérique de cet été. Prévu pour le mois d'août, on peut d'ailleurs très certainement compter sur une vraie critique du film, et pas seulement une vision étendue de sa production.

En parallèle, au moins trois nouvelles aventures de l'Homme-Singe devraient sortir. Des aventures aux accents pulpy à souhait, hautement improbables et donc totalement indispensables.

Dans la première, et probablement la plus surprenante, Altus Press joue la carte du crossover de l'impossible entre deux univers cinématographiques similaires mais totalement opposés, envoyant Tarzan se balader sur l'Île du Crâne dans le promptement titré King Kong vs Tarzan. Cette bêtise (et je dis ça comme un compliment) aura le bon goût d'être écrite par Will Murray, auquel on doit la dernière aventure -officielle- de Tarzan en date (Return to Pal-ul-don, sorti l'an dernier et plongeant l'Homme-Singe en pleine Deuxième Guerre Mondiale) et, surtout, le très bon Doc Savage: Skull Island en 2011, qui envoyait l'Homme de Bronze se fritter avec le gros gorille.
Murray présente par ailleurs la chose comme une "interquel", à mi chemin entre la préquelle et la séquelle, un interlude situé dans la trame même du King Kong originel (le roman, s'entend, publié en 1932 par Delos W. Lovelace), et en reprenant donc les personnages (Carl Denham, Jack Driscoll et Ann Darrow). A voir comment Lord Greystoke s'intercalera dans ce chantier...

Mais attendez ! C'est pas tout ! Oh, non... Tarzan visitera également la Planète des Singes, un endroit paradoxalement tellement parfait pour le Seigneur de la Jungle, entre civilisation simiesque et humanité sauvage, qu'il est étonnant de se dire que personne n'avait encore osé mettre ça en scène. C'est l'association de Dark Horse Comics et de BOOM! Studios qui permettra à cette pulperie interplanétaire de voir le jour, sous la forme d'une mini-série de cinq épisodes qui devrait, d'après les solicitations, débuter en septembre.
Le plot, signé par Tim Seeley et David Walker (deux scénaristes habitués aux séries bis ultra fun) est aussi absurde que génial, puisque l'histoire se passera dans une version alternative du cinquième film des seventies (celui où Hommes et Singes vivent en fragile harmonie dans une utopie forestière en bordure d'une ville post-nuke dévastée). Ici, Tarzan et César, élevés comme des frères mais séparés par des esclavagistes, se retrouvent et rejoignent la lutte pour la paix, courant pour cela des épaisses jungles africaines jusque Pellucidar. Ca a l'air proprement épique et stupide. Indispensable disais-je.

Un dernier team-up pour la route ?
Depuis le mois de mars, ces fous de chez Dynamite ont ressorti de la naphtaline Sheena, la Reine de la Jungle, premier lead féminin de l'histoire des comics, créée en 1938 par rien moins que Will Eisner. Dans le ronflant Lords of the Jungle featuring Tarzan and Sheena, les deux héros en pagne se rencontrent par hasard alors que Sheena se retrouve par magie dans l'Afrique des années 30, et fait face à un Lord Greystoke qu'elle a bien du mal à départager entre ami et ennemi. Un prémisse tout à fait classique mais curieusement intéressant qui permet, entre autre, de réintégrer Sheena dans la mythologie des héros pulp que Dynamite se plait tant à revitaliser depuis quelques années. La scénariste, Corrina Bekho, expliquait d'ailleurs à l'annonce de la série que c'était précisément ce qui l'intéressait dans cette histoire, en proposant une Sheena plus jeune que celle d'Eisner mais dont le caractère sonnerait comme une évidence pour les connaisseurs. Une manière de dire qu'on aura la même Sheena forte et indépendante, mais inexpérimentée, et qu'elle apprendra à être le personnage qu'on connait auprès de Tarzan ? J'en sais rien, c'est une vraie question, j'ai pas encore lu la chose, mais cette idée me plait énormément.


Bon, bien sûr, tout ça est publié en anglais au pays des hamburgers, et il est loin d'être certain qu'on en voit un jour le moindre mot traduit en français. MAIS. Au fil des années, on a quand même eu notre brouette de publications dédiées à l'Homme-Singe, et si c'est pas tout neuf, rien ne nous empêche de nous pencher à nouveau dessus.

Difficile par exemple de ne pas chaudement vous recommander Tarzan vous salue bien de Philip Jose Farmer, vraie-fausse biographie qui réinvente la mythologie de la famille Clayton et, logiquement, de son plus animal représentant (on trouve même trace de Richard Wentworth, le Spider lui-même, dans l'arbre familial). C'est pas évident à trouver et c'est souvent cher mais ça en vaut la peine. Titré Tarzan Alive outre-Atlantique et publié en 1972 (78 chez nous), ce livre fait figure de manifeste de ce qu'on nomme avec emphase le "Wold Newton", univers où la continuité rétroactive règne maîtresse et qui, à la manière de ce que fera Alan Moore avec sa Ligue des Gentlemen Extraordinaires, cherche à placer de nombreux héros de fiction dans une seule et même Histoire. Un sujet passionnant mais capilotracté à l'envie et qui nécessiterait un post ou deux rien qu'à lui (tease, tease, wink, wink).
Moins fictionnel, le pavé Moi, Tarzan, Mémoires de l'homme-singe publié par Guy Deluchet chez Seuil en 2010 (réédité en 2012 pour le centenaire du personnage) s'attache, à grand renfort de photos, poster et illustrations, à explorer les différentes vies du personnage au cinéma, d'Elmo Lincoln à Casper Van Dien en passant par les inévitables Christophe Lambert et Johnny Weissmuller, et même la version animée de Disney. La documentation est assez impressionnante et les anecdotes pleuvent, mais c'est surtout la mise en rapport de ces incarnations les unes par rapport aux autres qui rend ce bouquin absolument indispensable. Pour les complétistes, un encart d'une quinzaine de pages s'attarde même sur sa vie en bande-dessinée, entre les mains de gens aussi fameux qu'Hal Foster (monsieur Prince Vaillant) ou Russ Manning.
En parlant de bande dessinée, je vous invite vivement à vous jeter sur l'intégrale des adaptations des romans par Russ Manning publiée chez Soleil en 2010. Et pour les plus curieux, allez faire un tour sur La Tribune des amis d'Edgar Rice Burroughs, il y a là bas des choses très très intéressantes.

Si avec tout ça, vous ne trouvez pas de quoi savourer cette année du singe...

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