mardi 15 janvier 2013

The Valley of Gwangi, muscle cars edition


Cadillacs & Dinosaurs fait parti de ces licences tellement cool qu'elles ont eu droit à des sorties jeux vidéos (arcade et consoles) et jeux de rôles, à du merchandising à base de cartes à collectionner et de bonbons qui collent, et même à une série de figurines G.I. Joesque. Seulement à l'origine, il s'agit surtout d'une bande dessinée, Xenozoic Tales, écrite et dessinée par Mark Schultz entre 1986 et 1996 (pour un total famélique de 14 épisodes).
Au début des années 90, Marvel acheta les droits d'exploitation de la BD et, désireux de surfer sur la popularité du titre, en commanda une version animée aux canadiens de Nelvana. Schultz en chapeauta lui même la production en compagnie de Steven E. de Souza et la série arriva sur les télés américaines à l'automne 1993.

Sorti de son univers post-apo à base de Cadillacs et de dinosaures (logique) et de ses personnages principaux, le dessin-animé, comme de nombreux produits dérivés, prend vite ses aises par rapport à la BD. Aussi éviterais-je soigneusement de parler de la version papier à partir de maintenant.


Dans un futur imprécis, la civilisation telle que nous la connaissons s'est effrondrée, vraissemblablement suite à un cataclysme nucléaire. Toutefois, on n'est pas dans Mad Max et un nouvel ordre social s'est vite développé, régit par des tribus. Certaines vivent sur l'eau, d'autre dans des villes en ruines. C'est dans un New York réaménagé que vit Jack Tenrec, un "Old blood Mechanic", une caste de baroudeurs du monde fortement branchés écologie et vivant selon les principes du "circle of life" que lui ont appris de mystérieuses créatures reptiliennes. Un enseignement fort utile à Tenrec, son monde étant peuplé de dinosaures peu enclins à laisser les humains s'installer n'importe où.

La diplomate Hannah Dundee et une expédition de la tribu voisine des Wasoon sont en route vers la "Ville sur l'eau" (autre nom, plus prosaïque, de New York) quand ils sont attaqués par les pillards d'Hammer, le mercenaire du coin. Hannah parvient à s'enfuir mais se perd, seule au milieu de la jungle. Pendant ce temps, Jack Tenrec se rend dans un village détruit par un Shivat (T-Rex) déchaîné. Les villageois sont d'autant plus enragés que Tenrec leur avait conseillé l'endroit, arguant que les dinosaures passent toujours sur les même pistes et qu'ils resteraient ainsi hors de danger. Au camp de Hammer, Wilhelmina Scharnhorst, une des membres du conseil d'Ocean City (toujours New York, celle ville a quinze noms), entend bien que son plan fonctionne : Hammer sème le trouble, rend les dinosaures fous, et tue Tenrec, c'est tout ce qu'elle demande. De retour à en ville, Jack est attaqué par Hannah qui le prend pour un des pillards. Il l'accompagne en ville et lui présente ses aides de camp, Mustapha (un black moustachu des 80's) et Hermes (un allosaure des 150's.. Millions.. avant JC). Avant de repartir à la chasse au dino enragé, Jack reçoit un message télépathique des Griths, le peuple humano-reptilien qui lui enseigna la "voix du monde", le priant de ne pas tuer le Shivat. Jack arme toutefois son fusil, quand il remarque sur le dos du dinosaure le boitier métallique installé par Hammer. Non sans peine, il l'arrache et, devinant facilement les responsables, se rend chez Scharnhorst, qui lui rit au nez. Ca ne fait que commencer...

Voila pour la situation de départ. Comme son modèle de papier, la série est composée d'épisodes stand alone, à la mode pulp, qui peuvent se suivre dans n'importe-quel ordre. Les détailler point par point n'a donc pas grand intérêt. Chacun d'entre eux permet d'en découvrir un peu plus sur le monde de Jack Tenrec et ses habitants principaux : les dinos et les Griths. Certains épisodes, comme  "Death ray", se concentrant sur la recherche un peu folle de la technologie des "anciens" (ici un vieux satellite équipé d'un laser dévastateur) et d'autres, comme "Siege", sont de purs concentrés d'action (Hammer et ses troupes prennent d'assaut le garage de Tenrec).
Il est toutefois malheureux, à l'instar de la bande dessinée, que la série n'ai pas de fin : Hannah ne prend jamais réellement le temps de mener sa mission d'ambassadrice à bien et la série termine comme elle a commencé, avec Hannah et Jack contrant un plan d'Hammer pour faire sauter des trucs/tuer des dinos.

Deux épisodes ont cependant retenu mon attention : "Wild Child" et "Duel".
Dans le premier, on découvre un june garçon, typé Tarzan, elevé par les Griths et qui développe d'étonnants pouvoirs télépathiques lui permettant, entre autre, de communiquer avec les animaux. Dans l'idée, on a là un épisode fort classique avec un enfant sauvage comme de nombreuses séries des 90's en ont eu. Dans le monde de Cadillacs & Dinosaurs, toutefois, l'enjeu est tout autre : il n'est pas question ici de permettre à l'enfant de revenir parmis les humains, mais bien au contraire de le laisser grandir au milieu des Griths avant que ses pouvoirs et sa connaissance ne lui permettent de "guider" les hommes vers la voie de la nature. Tenrec est le dernier Mechanic, c'est son héritage qui est en jeu à travers cet enfant et il faudra à Hannah tout l'épisode pour s'en rendre compte.
Une bonne chose, d'ailleurs, car "Duel" confronte Tenrec à son passé et son avenir : retrouvant Sean Rustle, un ancien ami pas très net, il lui faudra (avec l'aide du Wild Child susnommé) contrer ce dernier vestige de sa jeunesse pour sauver les Griths et les dinosaures, touchés par le vol de la "Pierre de Vie" des Griths par Sean. Ca reste fortement implicite (faute de temps pour laisser un maximum de place à l'aventure, peut-être), mais on comprend facilement que Jack, avant de recevoir l'enseignement des Griths, a du passer quelques années à voler les richesses archéologiques du monde avec son ami. En passant on découvre une sorte de conscience collective reptilienne, Griths et dinosaures étant irrésistiblement attirés par la pierre une fois celle ci en possession de Sean.

Difficile de caractériser Jack en une image du DA. Avec des bulles, c'est tout d'suite mieux.


Cadillacs and Dinosaurs est une série courte, seulement 13 épisodes ayant été réalisés (en même temps, son modèle de papier n'en compte pas beaucoup plus), mais dont l'univers particulier reste en mémoire. Des gros engins des 60's propulsés on-ne-sait-trop comment au milieu d'une jungle remplie de T-Rex, ça tient du rêve de gosse.
En plus d'un coefficient hype maximal, Cadillacs and Dinosaurs propose un discours écolo certes basique à base de "tout est lié, ne faisons pas les cons" mais fort bien introduit et surtout porté par le mécano le plus cool du monde du dessin-animé, un soupçon de mysticisme et des hybrides humano-reptiliens télépathes. On y retrouve tout un tas de théories new-age de la fin des années 80, ce qui place d'emblée la série dans un contexte politique beaucoup plus fin qu'il n'y parait. Bon, ne nous y trompons pas, ça reste un dessin animé et tout y est fort basique, mais ça permet au moins à chaque public d'y trouver un discours différent.

D'ailleurs, au delà de ses apparences kids friendlyCadillacs and Dinosaurs propose des personnages un peu plus compliqués qu'ils n'y paraissent, notamment Hannah, qui prend un malin plaisir à passer pour une godiche auprès de Tenrec alors qu'on sait très bien (lui aussi) ce dont elle est capable. Les méchants, eux, tendent cependant à rester des méchants, Hammer se contentant d'être un bourrin très primaire (en même temps, il est présenté en tant que tel et les autres personnages en jouent bien) là où Scharnhorst, outre son nom imprononçable, a vraiment du mal à voir plus loin que le bout de son (gros) nez. Les personnages secondaires, comme les deux autres membres du conseil, sont, indéniablement, secondaires. En même temps, il est difficile d'en vouloir à la production : en 13 épisodes, ils ont assurément voulu axer au maximum l'attention sur le côté aventure et son fort discours écolo pour laisser clairement de côté la caractérisation. Sachant que Schultz n'avait pas conçu sa bande dessinée comme un serial consrtuit mais comme une série de courtes intrigues à la mode pulp, tout ceci remplit parfaitement le contrat.

Un soin évident à été apporté à l'interprétation que pourraient faire les hommes d'un futur post-apo de notre technologie moderne. L'épisode "Dino Drive", où Tenrec et son équipe tentent de jouer les cowboys avec un troupeau de Macks (Triceratops) en est une illustration parfaite : l'un des membres de l'équipe, ayant trouvé des gants de boxe au milieu des livres du far-west, est persuadé que les cowboys en portaient pour monter à cheval. Résultat, il les enfile pour conduire sa Cadillac. Pas bien pratique, de son propre aveux.

Question aventures, la production des années 90 aide bien. L'animation est impeccable, sans doute sous traitée en Asie (certaines attitudes d'Hannah sont typiques des animes de la période) bien que je n'ai trouvé aucune information le confirmant, et les épisodes sont très rythmés. En terme de narration typiquement télévisuelle, j'ai particulièrement apprécié le jeu des formats, l'écran passant en cinémascope pour signifier l'arrivée de la page de pub. Ca n'a l'air de rien, mais dans un montage DVD (c'est à dire sans pub), ça donne un cachet très particulier à la série, la pub étant généralement précédée d'un instant d'extrême tension. De même, le grain d'image typiquement 90's ravira le spectateur averti.
La musique, funky à souhait, rappelle évidemment le jeu sorti en arcade au même moment.

Notez, histoire de boucler la boucle, Topp Comics publia en 1994 une mini-série adaptée du dessin-animé.... et que Cadillac & Dinosaurs existe aussi en barres chocolatées.



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