La nuit dernière, j'ai regardé Equals, mélange entre un Gattaca laiteux, des restants de THX et un monde post-1984 délateur au possible, tourné dans ce que je suis persuadé être des leftovers du The Island de Michael Bay. Un film arty et élégant, un peu simple, mais plaisant, qui m'a fait me souvenir de deux choses : la première, c'est que j'adore décidément les romances SF un peu simples, la seconde, c'est que je n'ai vraiment aucune attirance pour les sujets dystopiques.
J'aime les mondes post-apo désertiques et les continents de la fin des temps, mais les évocations bêtes et méchantes du modèle soviétique qui nous sont parvenues me laissent définitivement insensible. Je réagis à ce type de monde de la même manière qu'avec le cyberpunk, par exemple. Je n'aime pas ça, c'est le type de développements que ces contextes permettent à des intrigues autrement convenues qui m'attire.
En l'occurrence, Equals a le défaut de sa qualité, jouant essentiellement sur l'esthétique (c'est avant-tout une histoire d'amour) et faisant pour cela appel à tous les référenciels connus du genre totalitaire (honnêtement, le trailer est dégueulasse et me renvoie un souvenir equilibriumien que tout mon être aimerait oublier). On baigne dans un univers commun, dont on connait, par habitude, toutes les ramifications, et, ainsi (presque) libéré d'explications fumeuses, le film peut n'avoir d'yeux que pour son couple central. On échappe alors sans peine aux plotholes où on se demande comment des gens font pour se marier et avoir des gosses dans une société où ils prennent tous des medocs antisentiments (ici, l'humanité est génétiquement modifiée et l'empathie est, au sens premier, une maladie dégénérative) et le résultat est réellement glaçant. La mise en scène suit, avec un fond sonore entre classique aérien et post-rock cristallin et des flous artistiques colorés filmés caméra au poing, super près des gens, avec un relent insécure désorientant et voyeuriste. C'est franchement beau... Mais ça va difficilement plus loin.
Et c'est précisément le soucis. J'ai beaucoup aimé le film (vraiment beaucoup, même), mais sans pour autant être touché par son contexte. La critique l'a d'ailleurs vertement tancé pour son manque de substance, et manifestement, la providence a voulu sauvagement appuyer sur mon manque d'implication dans le sujet passif-oppressif en me bombardant sitôt le film terminé et mon navigateur internet lancé d'images plus ou moins subliminales de pilules inhibitrices et de mondes carcéraux hyper-contrôlés.
Par exemple, saviez-vous qu'Aldous Huxley, l'auteur du Meilleur des mondes, probablement un des premiers romans du genre (avec l'effrayant Nous Autres de Zamiatine), était né ce jour, il y a 122ans ? Moi non plus, mais internet a tellement insisté pour me vendre ce poster (épuisé) de Kevin Tong que j'aurais eu du mal à ne pas m'en rendre compte.
Mais il est chouette, ce poster, avec son minimalisme typiquement XXIème siècle et son dessin éminemment Art déco, et il me permet de placer deux mots sur un joli film à propos duquel j'n'ai pas grand chose à dire mais que j'avais quand même terriblement envie d'évoquer, alors autant ne pas se priver.
Amusant, par ailleurs, qu'on insiste pour me vendre un objet à la mémoire d'un livre critique de la société de consommation. Les algorithmes ne comprennent pas l'ironie.
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