jeudi 6 septembre 2018

La vraie Dame du Lac ?

Jennifer R. Povey, auteure de fantasy dont le nom dira peut-être quelque chose aux rôlistes (on lui doit quelques suppléments de jeux pour des boites aussi diverses qu'Avalon, Dark Naga ou Fat Goblin), s'est posé une drôle de question.
Et si la Dame du Lac des légendes arthuriennes n'était pas tout à fait celle qu'on croit ?

A l'origine, je voulais juste coller une image de son post original (lisible -en anglais- sur son Tumblr), et puis j'ai commencé à chercher plein de choses autour... Du coup, je vous en offre une traduction (légèrement) annotée.


"Excalibur.
Dans la légende, Excalibur vient d'un lac (quoique certaines versions fassent d'Excalibur "l'Epée dans la Pierre", ce sont des interprétation tardives - l'épée qu'Arthur sort du rocher casse et il part en quête d'une meilleure arme).
De "La Dame du Lac".

Seulement voila.
En Europe du nord, de l'âge de fer jusqu'au début de la période médiévale, la majorité du fer provenait des marais. Il était difficile à fondre, puisqu'un minerai de qualité médiocre, mais vous n'aviez pas besoin de miner pour le trouver et c'était une ressource renouvelable (vous pouviez retrouver en chercher une vingtaine d'année plus tard, la couche d'alluvions s'était reformée).
Ce qui veut dire que le fer servant à forger une épée venait... de l'eau.

Dans la plupart des contes, les fées n'apprécient pas le fer (1). La vision de la Dame comme d'une fée ou un elfe parait donc peu probable.
Comme un druide ? Peut-être. (2)
Mais il apparaît bien plus plausible que la Dame du Lac fut un forgeron.
Mais... Mais...
La divinité celtique des arts de la forge était Brigid (3), une déesse. L'association mystique avec la Dame fonctionnerait alors si elle était une prêtresse de Brigid... et donc, une forgeronne.

En d'autres termes, amis arthuriens, peut-être que nous ne devrions pas imaginer la Dame du Lac comme une svelte et gracieuse femme en toge...
...mais comme une forgeronne barraquée en tablier."


(1) Le fer étant traditionnellement associé à la capacité de contrer la magie, une constante qu'on retrouve dans de nombreux récits de fantasy des origines, notamment chez Poul Anderson. La légende viendrait des incursions celtes -partis d'Autriche et armés de fer- dans le sud des îles britanniques aux alentours du VIIIème siècle avant JC, mais on retrouve des faiblesses similaires chez les djinns moyen-orientaux, rendant sa localisation historique plus que disputée. Notez également que si le fer est mortel, pas l'acier, car ainsi transformé il perdrait son caractère "naturel" et donc son "pouvoir".
(2) Quoique peu vraisemblable, la tradition druidique étant patriarcale. Son rôle n'était pas tant celui de "
l'Enchanteur" arthurien que de conseiller politique et militaire royal, responsable du culte et de la transmission de l'Histoire. On leur attribuait certes de grands pouvoirs (magiques, évidemment), mais la composante "sorcellerie" serait une déformation romaine puis chrétienne - d'où la prévalence de Merlin dans la Matière de Bretagne, agglomérat de récits médiévaux.
(3) Brigit ou Brigantia ou plein d'autres selon les traductions (Povey utilise le très américain "Bridget" dans son post), elle est également la déesse de la fertilité, de la médecine et de la poésie - et c'est un [g], pas un [ʒ].

lundi 3 septembre 2018

Les Lettres de mon vulcain

Non, il n'y aura pas d'article pour ce mois de septembre. Pas eu le temps. On comptera celui du Pre-Tolkien Challenge comme une sortie à l'avance.
Néanmoins, parce que je n'écris pas que sur le pulp (et aussi parce que je suis très fier de mon jeu de mot), je profite du creux et de l'occasion pour vous rediriger, lecteurs curieux, vers une toute nouvelle tribune qu'on m'a offerte sur Shmup'em all, un site comme son nom l'indique dédié au rites culinaires chez les Papous entre 1632 et 1845.